De nouveaux traitements émergents pour le contrôle des cicatrices hypertrophiques et des chéloïdes sont accessibles aux médecins qui souhaitent obtenir de meilleurs résultats chez leurs patients. L’imiquimod topique s’est révélé efficace à réduire le risque de récurrence des chéloïdes après leur excision, tout comme la RTS. Les traitements au laser et la toxine botulinique A sont également efficaces pour le traitement des cicatrices, entre autres modalités prometteuses.
Selon les nouvelles lignes directricesconsensuelles sur l’utilisation de la radiothérapie superficielle pour le traitement du cancer de la peau non mélanique et des chéloïdes :
Le traitement postopératoire par RTS des lignes de suture lors de l’excision des chéloïdes réduit significativement leur taux de récurrence.
Le fractionnement des doses de RTS réduit le risque d’hyperpigmentation et d’autres effets indésirables.
On dispose de peu de données probantes selon lesquelles exposer les chéloïdes ou les tissus sains avoisinants à la RTS à de telles doses causerait le cancer de la peau [1].
L’imiquimod est utilisé pour la prévention des récurrences de chéloïdes après leur excision.
Deux études sur ce traitement ont montré un faible taux de récurrence des chéloïdes après leur excision avec la crème d’imiquimod à 5 %. Immédiatement après l’excision des chéloïdes, l’imiquimod a été appliqué une fois par jour pendant 2 mois, et l’évaluation des récurrences a été effectuée au bout de 6 mois. Une étude sur 15 patients a révélé un taux de récurrence de 6 %, tandis qu’une autre sur 11 patients a révélé un taux de récurrence de 0 % [2,3].
La poursuite de la recherche a révélé ce qui suit : taux de récurrence des chéloïdes de 15 % au niveau de l’oreille au bout d’un an et de 20 % au bout de 5 ans; effets indésirables tels qu’hyperpigmentation affectant 26 % des sites chirurgicaux pour les types de peau IV et V; et effets indésirables tels que sensation de brûlure ayant justifié la suspension temporaire du traitement par imiquimod chez 12 % des patients [4].
B. Radiothérapie superficielle (RTS)
Dans une étude sur la radiothérapie post-chéloïdectomie, 297 chéloïdes ont été entièrement excisés chirurgicalement. À partir du premier jour postopératoire, la ligne de suture incluant une marge de 5 mm, a été traitée au moyen d’une dose biologique efficace (DBE) de RTS de 70 ou 100 kV. Le taux de récurrence des chéloïdes a été de 3,0 % [5].
Une autre étude par analyse rétrospective de dossiers a révélé un taux de récurrence des chéloïdes de 10 % après 12 mois, avec un taux plus élevé au niveau du thorax, ou des chéloïdes ayant préalablement récidivé [6].
Laser à colorant pulsé et laser fractionné pour les cicatrices
Le laser à colorant pulsé et le laser fractionné ont une efficacité avérée pour le traitement des cicatrices [7].
Resurfaçage ablatif au laser CO2 fractionné et acétonide de triamcinolone topique
Dans une étude sur 15 patients présentant des cicatrices hypertrophiques, 3 à 5 traitements ablatifs au laser CO2 fractionné ont été administrés à 2 ou 3 mois d’intervalle, avec application postopératoire topique d’acétonide de triamcinolone en suspension à 10 ou 20 mg/mL.
Selon les résultats, 11 patients sur 15 ont obtenu l’amélioration globale la meilleure, soit 3,0; l’amélioration la plus marquée concernait la texture, et la moins marquée, la dyschromie [8].
Resurfaçage des chéloïdes au laser erbium et acétonide de triamcinolone topique
Dans une étude rétrospective, 23 patients présentant 70 chéloïdes, ont été traités au moyen du laser Erbium ablatif fractionné une semaine sur deux et d’une crème topique de bêtaméthasone b.i.d. sous pansement occlusif.
Les résultats ont été une amélioration médiane de 50 %, sans élimination complète, et ce sont les chéloïdes au niveau de l’oreille et du cou qui ont le moins bien répondu [9].
Dans une étude intrapatients, 14 sujets porteurs de cicatrices chirurgicales au visage ont été assignés aléatoirement à des injections de toxine botulinique de type A (BotA) d’un côté du visage et à des injections de solution saline à 0,9 %, de l’autre.
La dose moyenne de toxine botulinique injectée par cicatrice a été de 33,7 U, et la longueur moyenne des cicatrices était de 6,74 cm.
Le score à l’échelle de Vancouver pour l’épaisseur des cicatrices à 6 mois était sensiblement inférieur, soit 0,47 sur la moitié traitée par BotA, contre 0,76 sur la moitié non traitée; les cicatrices étaient également significativement plus étroites, soit 0,32, contre 0,43 pour le les cicatrices non traitées.
Le score moyen à l’échelle analogique visuelle (EAV) a été significativement meilleur, soit 5,76 pour la partie traitée par BotA, contre 4,97 pour le côté témoin.
On n’a noté aucune différence entre les traitements pour ce qui est de la pigmentation ou de la vascularisation [10].
Des chéloïdes post-sternotomie réfractaires à la chirurgie et aux corticostéroïdes ont été traités une fois par jour pendant 2 jours consécutifs avec du gel de mébutate d’ingénol à 0,05 %.
Le score mixte de réactions cutanées locales a été de 14/24 au Jour 10, avec aplatissement des lésions chéloïdes au Jour 30. On n’a noté aucune récurrence après 1 an [11].
Les chercheurs ont étudié l’effet d’un gel d’adapalène à 0,3 % et peroxyde de benzoyle à 2,5 % sur le risque de formation de cicatrices d’acné atrophiques dans des cas d’acné de modérés à graves, lors d’une étude comparative d’une durée 24 semaines, randomisée, multicentrique, intrapatients, avec témoins sous excipient et sans que les investigateurs sachent quel produit était administré.
Selon les résultats, le traitement topique d’association avec adapalène et peroxyde de benzoyle a prévenu et réduit la formation de cicatrices atrophiques comparativement à l’excipient, tandis que le nombre de cicatrices était plus élevé avec l’excipient seul [12].
Contrôle de l’expression/traduction des gènes profibrotiques.
Oligonucléotide antisens dirigé contre le facteur de croissance du tissu conjonctif (CTGF).
ARN hybride antisens interférant dirigé contre le CTGF.
Mimétisme du micro-ARN29 moins présent dans les troubles fibrotiques.
Messages clés/perspectives cliniques
Les approches par traitement d’association devraient être envisagées pour optimiser les résultats chez les patients.
L’excision, le traitement au laser, la radiothérapie et les médicaments topiques et systémiques peuvent se compléter les uns les autres pour traiter les cicatrices et les chéloïdes, et pour en prévenir la récurrence.
Nestor MS, Berman B, Goldberg D, et al. Consensus Guidelines on the Use of Superficial Radiation Therapy for Treating Nonmelanoma Skin Cancers and Keloids. J Clin Aesthet Dermatol. 2019;12(2):12-18.
Frias J, Vargas R, Paez E, et al. Effects of Imiquimod 5% Cream in the Prevention of Excised Keloid Recurrence. Skin. 2018. 2018;2(1):3.
Berman B, Nestor MS, Gold MH, et al. Low Rate of Keloid Recurrences Following Treatment of Keloidectomy Sites with a Biologically Effective Dose 30 of Superficial Radiation. SKIN. 2018;3:402-3.
Bermna B. Keloidectomy + BED 30 SRT: chart review. Data from 2019 AAD Annual Meeting.
Anderson RR, Donelan MB, Hivnor C, et al. Laser treatment of traumatic scars with an emphasis on ablative fractional laser resurfacing: consensus report. JAMA Dermatol. 2014;150(2):187-193.
Waibel JS, Wulkan AJ, Shumaker PR. Treatment of hypertrophic scars using laser and laser assisted corticosteroid delivery. Lasers Surg Med. 2013;45(3):135-140.
Park JH, Chun JY, Lee JH. Laser-assisted topical corticosteroid delivery for the treatment of keloids. Lasers Med Sci. 2017;32(3):601-608.
Hu L, Zou Y, Chang SJ, et al. Effects of Botulinum Toxin on Improving Facial Surgical Scars: A Prospective, Split-Scar, Double-Blind, Randomized Controlled Trial. Plast Reconstr Surg. 2018;141(3):646-650.
De Felice B, Guida M, Boccia L, Nacca M. Ingenol mebutate treatment in keloids. BMC Res. Notes. 2015;8:466.
Dréno B, Bissonnette R, Gagne-Henley A, et al. Prevention and Reduction of Atrophic Acne Scars with Adapalene 0.3%/Benzoyl Peroxide 2.5% Gel in Subjects with Moderate or Severe Facial Acne: Results of a 6-Month Randomized, Vehicle-Controlled Trial Using Intra-Individual Comparison. Am J Clin Dermatol. 2018;19(2):275-286.
Presenter disclosure(s): The presenter has reported relationships with the following companies: Aclaris Therapeutics, Inc.; Actavis.
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